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Andy Booth

A la rencontre d’Hélène Roche

Bonjour Hélène, d’abord, pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours ?

 

J’ai une formation scientifique à l’université de Paris XIII , un DESS d’éthologie appliquée : aujourd’hui cela correspond à un master professionnel. Je me suis spécialisée sur les chevaux au travers différents stages, j’y ai découvert cette discipline scientifique grâce à l’association TAKH préservant le cheval de Przewalski.

Avant, je voulais être vétérinaire équin, je n’ai pas été prise en classe préparatoire et avec le recul, je pense que c’est une véritable chance. J’aime ce que je fais et mes amis vétérinaires m’avouent être pris dans un tourbillon dans lequel je n’aimerais pas être. Je suis ma propre patronne, je fais ce que je veux, quand je veux et si je le veux – sourire –

 

Les chevaux sont ma passion depuis toute petite. Même avant de parler j’étais attirée par eux sur les livres à images ! Pourtant, je ne suis pas issue d’une famille de cavaliers, mes parents ne montent pas à cheval, je dirais même qu’ils en ont un peu peur. Mais ils ont su m’écouter et me mettre à leur contact, j’ai donc pu commencer à monter en club pour mon plus grand bonheur.

J’ai eu mon premier cheval, Kako, lorsque j’avais 21 ans. C’est une amie qui me l’a donné. Enfin… c’est une longue histoire que je me ferai un plaisir de vous faire découvrir au travers de mon livre « Les chevaux nous parlent…si on les écoute !» (Prix Pégase 2018, réédité chez Vigot en 2019)

Mais, nous nous égarons, en sortant de formation universitaire en 2004, j’ai alors commencé mon activité de vulgarisation scientifique et c’est toujours ce que je fais aujourd’hui.

Mon but est de rendre accessibles au plus grand nombre, les connaissances sur le comportement du cheval et plus largement des sciences appliquées au cheval, issues de la recherche.

Je m’informe en continu via les publications scientifiques (en anglais) dans des revues spécialisées. Je discute également beaucoup avec les personnes ayant des chevaux et je me nourris de leurs anecdotes, pour croiser l’information et réfléchir.

 

Comment avez-vous connu Andy ?

Je l’ai connu lorsqu’il est arrivé à La Cense en 2000. Moi en tant que cavalière de club, j’aspirais à mieux connaître les chevaux. C’était alors le début de l’équitation éthologique, qui ne s’appelait pas comme cela, on parlait à l’époque de « chuchoteurs » et « nouveaux maîtres ». J’ai fait deux stages de la méthode Parelli au haras de La Cense, ce n’était pas Andy l’intervenant mais je savais qu’il était là. Je venais seulement de commencer mes études en biologie à l’université. J’allais aux Rendez-vous de La Cense chaque année et en tant que cavalière, pour ma propre curiosité, je suis allée à beaucoup de stages de chuchoteurs comme auditrice. Dès 2003 j’ai été consultée par la Fédération Française d’Equitation pour réfléchir à l’élaboration de ce qui allait devenir les Savoirs d’Equitation Ethologique.

 

De là, je suis devenue jury pour les BFEEE et j’ai commencé à enseigner le contenu théorique des brevets. A cette occasion, j’ai été amenée à croiser régulièrement Andy au Haras de la Cense. En 2008, il a commencé à s’interroger sur les théories scientifiques de l’apprentissage et lorsque je venais nous échangions sur les nombreuses questions qu’il avait.

Par la suite nous avons continué à échanger et partager nos expériences, il intervient d’ailleurs dans mon DVD sur le travail du cheval au clicker. Lorsqu’il a quitté La Cense nous avons gardé contact et continué nos échanges.

 

Lors du séminaire HMS il y a 15 jours, vous êtes intervenue. Qu’avez-vous ressenti lors de cette intervention ?

(De la peur *rires*)

Non, mais un certain trac, je me disais « je vais parler devant 700 personnes » – à la base, je suis timide – mais en même temps j’avais un grand plaisir à le faire. C’était un trac motivant parce que c’est se dire que ces personnes-là étaient intéressées par ce que j’allais dire. C’est aussi très réconfortant de se dire qu’il y a autant de monde qui a envie d’évoluer dans sa manière de considérer le cheval.

 

Qu’avez-vous pensé des questions qui vous ont été posées ?

J’ai remarqué qu’il y a de plus en plus d’intérêt pour la vie sociale du cheval et je trouve cela très réjouissant qu’on le prenne enfin pour ce qu’il est, qu’on l’envisage aussi comme un individu avec une vie émotionnelle riche. Par exemple, j’ai eu une question sur le deuil ; sujet délicat mais je suis heureuse de l’aborder car ce qui me tient aujourd’hui à cœur c’est d’essayer de prendre le point de vue de l’animal, peut-être autant que de transmettre des connaissances. On peut appeler cela un anthropomorphisme de questionnement, lié à l’empathie. J’aimerais que l’on apprenne à se mettre à sa place : comprendre ce qu’il ressent en sachant très bien qu’on ne sera jamais réellement le faire, mais grâce aux connaissances scientifiques, on peut s’en approcher. Il a des points communs avec nous tout en ayant aussi ses propres spécificités.

 

Quel moment avez-vous le plus apprécié lors du séminaire ?  

Déjà moi j’ai beaucoup apprécié participer à ce bel événement !

J’ai vraiment aimé le travail des trois chevaux de dressage non formés. Dans les années 2000, j’ai assisté à de nombreux stages et démonstrations et ce n’était pas souvent dans le sens du cheval… c’était, disons, « musclé », les chevaux bougeaient beaucoup, étaient dans la fuite, transpiraient… Certes nous pouvions voir un net changement du comportement à la fin de la démonstration, mais le cheval n’avait pas passé un moment agréable ! Ce n’est pas du tout ce que j’ai vu dimanche ! J’ai vu des personnes prendre leur temps sur des chevaux qui avaient pourtant été choisis pour leur émotivité et leurs problèmes. Les exercices n’ont pas été répétés à outrance, chacun s’est adapté à son cheval, en attendant sa réponse sans le pousser fort dans l’inconfort, et nous avons vu des chevaux se relâcher, réaliser les exercices demandés, tout cela dans un environnement inconnu de ces chevaux, donc inquiétant au départ. C’est moins spectaculaire qu’il y a 20 ans, mais c’est plus fin. C’était très plaisant à voir. En fait, non, je ne peux pas dire que c’était moins spectaculaire, c’est spectaculaire d’arriver à cela, mais bien plus subtile, car on ne voit pas une phase de « lutte » entre le cavalier et le cheval comme avant. Cela reflète une réelle compréhension et une écoute de chaque cheval. Bravo à Elsa, Rodolphe et Maxime et à Andy pour cette belle transmission !

 

Enfin, j’ai beaucoup apprécié la démonstration de Maxime à l’obstacle avec Tabata, un moment génial, surtout l’enchaînement en cordelette ; on avait l’impression de fluidité, de stabilité et d’une grande écoute mutuelle. Ça me touche particulièrement de voir ce genre de relation entre un homme et son cheval.

 

 

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